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EMPTY porte un regard transversal sur un certain nombre d’infrastructures vides de grande envergures. Répertorier, puis classer pour comprendre pourquoi des infrastructures de cette taille étaient inoccupées dans un monde en croissance démographique était le point de départ d’un voyage qui vient mettre en lumière le XXIème par ses zones d’ombre. 4 grands groupes émergerons : La spéculation immobilière. Les villes nouvelles de Valdeluz et Sesena en Espagne (qui n’ont pas vu l’ombre respectivement des 35 000). la nouvelle ville de Kangbashi/Ordos, en Mongolie Intérieure/Chine (1 millions d’habitants potentiels 30 000 effectifs), Kilamba, en Angola (capacité de 500 000 habitants, 220 trois ans après la construction) sont le fruit d’initiative étatique visant indirectement à doper le PIB du pays et ayant pour effet la corruption des secteurs immobiliers et politiques. Le world à Dubai (il n’y a qu’une maison témoin sur les 300 îles artificielles) est le fruit d’un capital illimité, permettant une spéculation à haut risque. La désindustrialisation/globalisation. La Lorraine en France, Detroit aux USA, et les ports de la Mer d’Aral sont les signes de la délocalisation et de la globalisation. L’énergie. Gunkanjima/Hashima Island au Japon, Oil Rocks en Azerbaïdjan, le pas de Calais en France sont les signes de la mutations des sources d’énergie et Pripiat en Ukraine l’urgence de la nécessité de cette mutation. Les conflits. Akdam en Azerbaïdjan, Varosha à Chypre, Hébron en Cisjordanie, et Quneitra en Syrie : séquelles de conflits territoriaux et religieux ou de changement politique. (Mais il n’y a rien de nouveau à une ville vidée par la guerre). Curieusement en perdant leur fonction ces infrastructures ont les même critères que ceux définissant une œuvre d’art, extrêmement coûteuses, parfaitement inutiles et reflétant une réalité si complexe qu’elle mettent en abîme le raisonnement. Vues sous cet angle ce sont les sculpture les plus importantes du XXIème siècle. Regarder ces infrastructures comme des œuvre n’est pas seulement un jeux poétique, mais permet une analyse bienveillante, détaillée et sans jugement moral. Le point commun de toute ces «sculptures» est le concept de croissance, si profondément incrusté dans notre système de pensée qu’il semble sous tendre toute forme crée. Un concept «viral» répété quatre fois au début de la bible (croissez et multipliez). Il semble difficile de séparer le capitalisme moderne du protestantisme et l’influence de la rationalisation sur l’ensemble des sociétés contemporaines. on peut affirmer sans crainte que tous les systèmes économique contemporains ont une base commune protestante conçus dans l’esthétique de la croissance du capital. La finalité de ce système étant très éloigné du bien commun et plus encore de la préoccupation du bien être local. L’idée d’une croissance perpétuelle, d’un accroissement sans fin, semble tout aussi mythique que les racines religieuses qui les produisent. Les infrastructures d’EMPTY sont en fait les traces des points de rupture du système. Elles nous montrent à quel point celui-ci est dogmatique et construit sur la base de la Foi. Ces villes sont fantomatiques dans le sens ou elles nous semblent irréelles, elles échappent à notre capacité cognitive, notre pensée à ce point conditionnée par une conception linéaire de la croissance que nous refusons d’accepter leurs évidentes réalités. Tout comme nous avons tendance à penser les guerres modernes comme des accidents, sans remettre en question le concept qui sous tend le système qui les fabrique. En ce sens elles atteignent le statut d’œuvres d’art lorsqu’elles questionnent notre perception de la réalité, demandant un langage neuf, ce qui confère aux images leurs charge poétique.